Dessert Kares Le Roy Bouts du monde 39
Carnet de voyage - Inde

La voie royale

Dans le panthéon personnel de Kares Le Roy, il y a une Royal Enfield bleue. C’est avec elle qu’il a traversé le désert du Thar au Rajasthan en 2013. Son aventure achevée, il a laissé la poussière la recouvrir, dans un garage de Pushkar. Il devait la laisser là quelques semaines. Mais les années ont passé.

– EXTRAIT –

Je me rappelle avoir tutoyé la liberté la plus intense en Inde, sur le dos d’une moto de légende… De douces sensations qui ressurgissent quand on me demande de raconter le plus beau de mes souvenirs de voyage. C’était en 2009. Avec un ami, Samir, nous avions dépassé les limites de la prudence et nous nous étions mutuellement encouragés à acheter une bécane chacun pour traverser l’Inde du Nord au Sud. Alors que nous n’avions même pas de permis moto. Pire encore, je n’en avais jamais conduit avant cela ! Et cette moto, ce n’était pas n’importe laquelle : fabriquée pour la première fois au début du siècle dernier, la Royal Enfield est devenue inoubliable parmi tous les amoureux d’aventure qui l’ont chevauchée ne serait-ce qu’une seule fois. Rien qu’au bruit on s’en souvient. Si j’ai proposé à ma compagne de traverser le Rajasthan pour son anniversaire en 2013, ce n’était pas pour rien. J’avais secrètement l’envie de ressentir à nouveau cette sensation de bonheur qui m’avait envahi en traversant le Rajasthan – « le pays des rois » – et le désert du Thar.

La moto est devant moi, ce sera celle-là et pas une autre ! J’en suis persuadé, louer un engin pour trois semaines n’est pas une bonne idée. Aucun des modèles proposés par le garage de Mukesh ne me plaît. Ça n’a pas d’importance pour ma compagne mais cela en a pour moi ! Je l’assume totalement à ce moment précis et force un peu, je dois l’avouer, l’achat de cette Enfield bleu royal ! Elle est superbe, j’en suis tombé amoureux à la seconde où je l’ai vue. On est fait l’un pour l’autre. Le tout est de savoir si le ménage à trois pourra fonctionner. Charline n’est pas si rassurée que ça depuis deux jours, les différents tours de la ville de Pushkar l’ayant laissée perplexe mais je suis sûr qu’elle changera d’avis dès demain. De toutes façons, nous n’avons plus le choix. Nous sommes les heureux propriétaires d’une Bullet de 1987 et nous avons un seul objectif en tête : aller au-delà de Jaisalmer jusqu’à la frontière du Pakistan et revenir ici. Le tout en moins de trois semaines ; ça promet d’être très intense. Nous en rêvions, on y est. La nuit qui précède le départ, je fais un rêve étrange durant lequel de l’asphalte éclaté se transforme en sable sur une route sans fin…

Carnet de voyage de Vincent Bournazel à découvrir dans Numéro 39

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