Balade cartographique
– EXTRAIT –
Arriver dans une ville inconnue désoriente. Premiers pas à Bangkok, j’étais perdue, j’étais curieuse. Autour de moi, un chaos urbain immense et sans limite, un nouveau terrain d’expérience dont le seul point connu était l’adresse de mon nouvel appartement. Avant même mon départ, je décidai de tenir un carnet de voyage. Quoi de plus frustrant de rentrer d’un voyage et ne plus se rappeler ces détails, ces moments, ces lieux et paysages qui l’ont rendu si incroyable. Je voulais trouver une autre forme de récit que l’écriture et finalement m’en référais à ma formation d’architecte et ses déformations : la production de plans.
Je commençai un journal cartographique me permettant de garder en mémoire tous mes déplacements. C’est une sorte de journal intime spatial. Je dessinais ces « cartes-itinéraires » en fonction de mes souvenirs, mon ressenti, y ajoutant quelques anecdotes. Ainsi, j’ai acquis jour après jour une certaine connaissance de mon quartier et des alentours. Je savais alors répondre à cette fameuse question : où suis-je ? Grâce à de nouveaux points de repères j’étais capable de me situer dans la ville.
Mes itinéraires deviennent des documents intimes qui racontent graphiquement mes habitudes, mes préférences, mon rythme de vie et révèlent ma personnalité.
Quatre mois plus tard, selon mon expérience des lieux, j’ai pu reconstituer une partie de la ville par fragments additionnés. Je pouvais même établir un catalogue d’itinéraires de mon appartement à l’université ou bien recomposer le récit de mes voyages. Car vivre au cœur de l’Asie du Sud-Est pendant un an fut l’opportunité de rendre visite aux pays voisins de la Thaïlande : Cambodge, Birmanie, Singapour, Indonésie (île de Java et Bali), Vietnam et Laos. Un an plus tard, le 11 août 2016, je tournais la page de mon dernier carnet et comptabilise à ce jour plus de 350 cartes.
L’ensemble de ces cartes forme d’une certaine manière un portrait de la ville. Selon mon expérience, les cartes révèlent ou suggèrent la trame urbaine, des extraits du réseau de transport, des lieux emblématiques, des marques de son histoire. C’est aussi un autoportrait. Mes itinéraires deviennent des documents intimes qui racontent graphiquement mes habitudes, mes préférences, mon rythme de vie et révèlent ma personnalité.
Les premières fois où je me suis aventurée à Bangkok avec un lieu précis en tête, ce fut plus compliqué de m’y rendre que je ne l’avais imaginé. Je prenais le taxi tous les jours ou presque. C’est un moyen très commun pour se déplacer à Bangkok, très abordable. Malgré un trafic routier très très dense, c’était pratique et presque facile.
Carnet de voyage en Thaïlande d’Elisa Danton à découvrir dans le Numéro 64
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