
Finalement je suis à Tokyo
– EXTRAIT –
Cinq jours se sont écoulés depuis mon arrivée en Argentine et je flânais dans les rues de Buenos Aires où mon esprit vagabondait. Rester en Argentine un mois, puis me rendre en Bolivie et au Pérou était mon objectif principal et j’étais enfin prêt pour cette aventure fabuleuse.
Le Japon n’était pas une destination envisagée et visiter cette contrée n’était pas inclus dans mon projet.
Mais voilà, l’idée venait subitement de germer dans mon esprit alors que j’arpentais les rues de Buenos Aires. Elle n’allait plus me quitter. Je me souviens encore de l’étonnement et de l’incompréhension de mes proches lorsque je leur annonçai, du bout du monde, que mon voyage se poursuivrait au Japon et que je laisserais derrière moi l’Argentine où je venais de séjourner un mois. J’achevai donc mon itinéraire initial en Amérique latine en visitant Cordoba et Mendoza, avant d’endurer les pénibles et très fatigantes trente-huit heures de voyage en avion, avec ses deux escales prévues pour atteindre Tokyo.
À peine entré dans le métro, une douce voix féminine se fait entendre annonçant sans doute la fermeture des portes ou le nom du prochain arrêt. À travers les fenêtres du métro défilent à grande vitesse la banlieue et la ville ; je me laisse aller à la rêverie, abandonnant le stress de l’aéroport.
Tokyo, 9 octobre 2024. Me voilà enfin arrivé à l’aéroport d’Haneda-Tokyo, épuisé mais heureux. L’environnement me semble familier et seuls les caractères d’écritures japonais placés çà et là sur les pancartes et les affiches suffisent à me rappeler que j’ai changé de monde. Passé la zone d’immigration et celle des bagages, on m’indique en anglais comment acheter une carte de transport et rejoindre le centre-ville pour atteindre ma première auberge de jeunesse située à Shinjuku, l’un des quartiers populaires de Tokyo.
Devant l’arrêt de métro, les usagers font la queue silencieusement et respectent une distanciation sociale entre eux ; cela semble banal ici mais cela rompt avec nos habitudes. Curieusement, je me sens déjà en pleine harmonie avec ce pays qui m’était, il y a quelques jours, totalement inconnu.
À peine entré dans le métro, une douce voix féminine se fait entendre annonçant sans doute la fermeture des portes ou le nom du prochain arrêt. À travers les fenêtres du métro défilent à grande vitesse la banlieue et la ville ; je me laisse aller à la rêverie, abandonnant le stress de l’aéroport.
Mes premières impressions du Japon se sont « condensées » à l’instant même de mon arrivée dans la gare de Shinjuku. Ici, si la marée humaine semble onduler de façon anarchique, il s’agit en fait d’une véritable fourmilière organisée et structurée suivant les fils d’Ariane que tissent pancartes et panneaux de signalisation.
Si vous prenez l’escalator, empruntez donc la file de gauche et laissez la file de droite, qui elle, est réservée aux pressés et aux retardataires. Personne ne double, personne ne bouscule et personne ne fraude aux portiques d’accès.
Passé l’espace d’embarcation, on rejoint l’aire commerciale dont les enseignes des différents magasins et de restaurants se reflètent sur les sols nus et immaculés de la gare. En traversant cet espace structuré, on rejoint finalement la sortie de la gare où se dresse le quartier vivant de Shinjuku qui commence tout juste à s’allumer pour se préparer à la tombée de la nuit. Entre les lumières des bâtiments et celles des tours en arrière-plan, celles des magasins, des voitures et des feux de circulation ; un vrai festival de couleurs s’offre à nos yeux et vient souligner et adoucir la froideur du béton pur et du bitume sombre et intact. Si vous traversez la rue, il vous faudra attendre religieusement le passage au vert que personne n’osera anticiper. Le bruit d’un oiseau chanteur destiné aux malvoyants et aux inattentifs vous avertira que vous pouvez traverser la chaussée sans risque.
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