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N°63 Japon

Eté 2025

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19,00 

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Dans chaque numéro de Bouts du monde, une quinzaine de carnets de voyages et une thématique pour rire, rêver, s’émouvoir ou questionner le monde.

Description

Je sens bien que personne ne me croit. C’était à la sortie du marché au poisson de Tsukiji à Tokyo. Nous venions de faire l’acquisition d’un élégant petit couteau japonais. En un tournemain qui a duré à peu près quatre secondes – peut-être sept si l’on compte le décalage horaire – le vendeur, resté debout au milieu de sa boutique, a mis le couteau dans une boîte et emballé le paquet dans la foulée, sans s’appuyer à aucun moment sur une table pour se faciliter la vie. Hop, hop, hop, c’était fait. Dragon Ball n’aurait pas mieux fait. Ma stupéfaction a beaucoup amusé celui qui est sûrement ceinture noire en origami, ou bien samouraï, alors que je vois bien l’allure que prennent les paquets que j’emballe moi-même.

Bref, j’étais au Japon. C’est ainsi que Claire Barrin ponctue les pages des carnets de voyages qu’elle réalise consciencieusement chaque jour au cours de ses différents séjours là-bas. Où elle énumère toutes ces petites choses délicates et fascinantes, avec poésie, naïveté ou étonnement, selon le degré de connaissance que l’on a acquis sur les us et coutumes locaux.

Voilà le quotidien du voyageur qui devient un amusement permanent. On résiste à la mode du kawaii pour ne pas alourdir le sac à dos. On cherche les distributeurs de boissons ou de capsule toys qui maillent les villes, les campagnes et même les forêts avec une constance étonnante. On fait des paris sur ce que contient ce bento acheté dans un 7-Eleven. On se plonge à corps perdu dans ce choc esthétique sans fin. Et, souvent déconcerté, on se pose des tonnes de questions sur les interactions sociales, ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

A-t-on besoin de tout comprendre ? s’interroge Caroline Amblard, partie flâner dans les estampes, avec à l’esprit les représentations d’Hiroshige. Guillaume Simioni aussi avait des images en tête quand il a entrepris de cheminer le long du Tokaido. Mais savait-il que des quatre-voies en béton recouvraient des ponts multiséculaires ? À force d’étaler son soft power, le Japon promet à ses visiteurs de surfer sur la vague d’Hokusai. Promesse souvent déçue, les dessins animés de Myazaki n’existent pas en vrai. Ni toriis ni sushis ce soir-là pour Nicolas Jolivot, seul, sous la pluie, en quête d’un abri pour la nuit. La vie est rude, parfois, quand les sakuras sont débarrassés de leurs fleurs.

Laura Dilé en sait quelque chose, elle qui, plusieurs mois durant, est allée de ferme en ferme pour offrir ses bras en échange du gîte et du couvert. La vie y est simple autour du poêle à bois qui ne parvient pas toujours à réchauffer les intérieurs. Il faudra se coucher tôt car un haut-parleur réveille parfois tout le village à 7 heures du matin.

La nuit était tombée avant que le dessinateur Vincent Desplanche n’aperçoive, à Nara, la silhouette du Todaï-Ji, représentée sur une estampe originale qu’il a en sa possession. Les Japonais ont beau mobiliser mille ressources pour épargner à leurs visiteurs imprévus ou désillusions, on ne peut pas lutter contre le soleil qui se couche. Même au pays du Soleil Levant.

William Mauxion

19,00 
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