Les éléphants du Mékong
– EXTRAIT –
e suis émerveillé par les aventures d’antan, les expéditions lointaines, les découvertes, les montagnards, les scientifiques, les marins, les dessinateurs et autres ornithologues. J’ai eu la chance que l’on me raconte le Laos. L’évocation du Mékong m’a fait rêver. Une nuit d’orage, le fleuve déchaîné et sur l’autre rive les éléphants. Alors j’y suis allé.
Il n’avait pas plu à Pakbeng depuis sept mois. Le jour où nous sommes arrivés, les frangipaniers étaient en fleurs car la pluie était tombée le jour d’avant, un temps suspendu de beauté. Il faut passer par un magnifique jardin potager pour atteindre le bord du Mékong où l’on prend le bateau pour aller rejoindre les éléphants. Chaque famille y cultive son carré de légumes. Les oiseaux et les fleurs y sont abondants. Nous traversons le fleuve sur un pont de bambous pour rejoindre le centre-ville. Nous ressentons pour la première fois l’atmosphère tropicale, chaude et humide, qui nous suivra tout au long du voyage.
Une longue journée à travers une nature sauvage, une forêt dense. Seuls quelques villages sans route jalonnent la navigation. Certains arbres, très grands, se détachent de la jungle. Envahis d’une végétation qui s’agrippe pour profiter de la lumière, ils sont les maîtres majestueux de la canopée.
Chaque temple foisonne de bouddhas représentés sous toutes les formes, statues, peintures, gravures et impressions. Des moines, souvent très jeunes, habillés d’une simple toge orange, trottinent partout à la quête d’une tâche importante dont je ne comprends pas le sens. À l’arrière d’un petit temple, sèche une lessive à l’orange uniforme.
Luang Prabang est une ville avec un charme très particulier. Les temples bouddhistes sont un passage incontournable. Les plus petits et plus anciens ont notre faveur, mais certains, gigantesques, brillent de mille feux. Le Mékong n’est jamais très loin.
Le fleuve nous amène de Luang Prabang à Pakbeng. Une longue journée à travers une nature sauvage, une forêt dense. Seuls quelques villages sans route jalonnent la navigation. Certains arbres, très grands, se détachent de la jungle. Envahis d’une végétation qui s’agrippe pour profiter de la lumière, ils sont les maîtres majestueux de la canopée.
Cette navigation est une belle manière de cheminer à travers le Laos. Je reste sur le bateau et je dessine pendant un arrêt où tout le monde descend à terre. Seul, j’ai le temps de sentir l’activité de chaque espace de ce paysage, les habitants des maisons en bambou, les grands arbres qui tanguent dans le vent, la roche qui change de couleur avec la lumière, un oiseau qui crie, les champs ocre jaune au loin, le fleuve qui coule à côté de moi. Les passagers reviennent déjà, il y a tout au fond de la grotte des bouddhas, je ne les ai pas vus, j’ai vu le Mékong. Le bus local nous dépasse… À l’avant, sous les cannes surmontées du drapeau laotien, il y a des plantes vertes, une petite jungle qui se déplace sur l’eau.
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