Bretagne en mer
Carnet de voyage - Océan atlantique

Carnet de bord d’une moussaillone

Lundi 10 août. Riantec, Bretagne.

Philippe m’a donné rendez-vous dans un village bordant la petite mer de Gâvres, étendue d’eau contiguë à la rade de Lorient. À marée basse, dans la baie, se dresse un bateau hors du commun. Il est peint dans une espèce de vert lagon pétant, éclat de couleur posé sur le marron terne de la vase.

Ce bateau est monumental, c’est incroyable ! Je comprends mieux pourquoi il n’est pas au port, il est bien trop large pour y être amarré. C’est un multicoque originaire de Malaisie, appelé un prao. Il est doté d’une coque et d’un flotteur ayant la proue et la poupe symétriques.

Un prao ne peut virer de bord parce qu’il est conçu pour recevoir le vent toujours du même côté. Aussi, à chaque changement de direction, il repart en marche arrière. À bord, sa taille est encore plus remarquable. Le pont de la coque est assez grand pour s’y déplacer aisément.

Dans ses entrailles, un couloir permet de circuler, debout, d’une extrémité à l’autre. L’équipage se compose de la famille avec Philippe, le capitaine, Nadine, sa femme, l’intendante, leurs deux enfants, Basile 12 ans, Alice 16 ans. Il y a aussi Yann le skipper, et moi-même, la moussaillonne !

Serai-je à la hauteur de ces marins chevronnés ? Je ne fais pas la fière. La grand-voile hissée, nous faisons cap vers Audierne, notre première étape. L’arrivée est prévue autour de 1 heure du matin. J’essaie de comprendre le fonctionnement du bateau. Il est très ingénieux ! Beaucoup plus stable qu’un voilier, il glisse, il vole, il est tout-puissant, je suis conquise

Récit de voyage de Karine Branco à lire dans Numéro 41

à découvrir aussi

carnet de voyage en mer

Sortie de secours

Le cargo est entré dans la tête de Marianne Rötig à l’occasion d’un voyage entre Le Havre et Malte il y a trois ans. Il s’y est depuis solidement amarré. Et il lui a donné une bonne raison de prendre le large. – EXTRAIT – Je ne me souviens pas comment on fait pour partir,…

C’est la mer qui prend l’homme

par Pierre Vauconsant

Les marins ont toujours une bonne raison pour prendre le large en quête d’un Val Paradis. Et tant pis s’il leur faut doubler le Cap Horn. Le bel hommage de Pierre Vauconsant aux marins. Depuis le château, depuis le banc de quart – à l’arrière -, ils regardent la terre s’éloigner, s’estomper, jusqu’à n’être plus…