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Pierre Vauconsant

Auteur publié dans Numéro 10 Numéro 9 Numéro 7

1947. Selon le moment de l’année, Pierre Vauconsant a sept ou huit ans. Premiers rêves d’Orient. Premiers rêves d’ailleurs. Ses parents habitent Vincennes, rue du Levant. Prémonitoire. La rue du Levant (aujourd’hui rue Robert Giraudineau) donne dans la rue de Paris face au Château de Vincennes. Devant la poterne qui fait face à l’avenue du Château, un spahi en grande tenue, turban et cape bleu ciel, sarouel rouge sang, monte la garde sabre au clair. Il n’en fallait pas tant pour le transporter dans ses rêves déjà teintés de films en noir et blanc (comme l’Atlantide) ou en technicolor (les trois plumes blanches, le Livre de la jungle, Fortune carrée).

Suivront les lectures des écrivains-voyageurs : Joseph Kessel, Henri de Monfreid, Frison Roche, Rudyard Kipling puis, plus tard, Ellah Maillard, Bruce Chatwin, Nicolas Bouvier, Rory Stewart, Michel Le Bris, Ibn Batouta, Roland d’Orgelès, sans oublier les explorateurs, René Caillé, Mungo Park, Théodore Monod, et bien sûr, Bougainville, Cook, et le fils Colomb.

Tous ces noms, et bien d’autres, l’ont poussé à vérifier par lui-même la célèbre formule de Roland d’Orgelès : « Ce n’est pas Hérodote qui a découvert l’Égypte, ni Diodore, ni Marc Aurèle, ni Strabon. C’est moi ! » Non seulement les écrivains, mais aussi les réalisateurs de fictions et de documentaires, les peintres-voyageurs et les orientalistes, tous ont suscité en lui le désir de voir de ses propres yeux ce que sont devenus les pays qu’ils ont décrits. Mais plus encore, il a voulu accepter les changements, les modernités, les désirs et les rejets de l’Occident propres à chaque région.

Dès les années 70, il s’est aventuré en couple, en famille ou en petits groupes à travers des territoires tels que le Togo, le Bénin, le Niger, l’Algérie, le Maroc, l’Égypte, la Syrie, le Yémen, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, Tsing Kyang, le Pakistan, le Brésil, la Guyane, le Surinam, le Pérou. Sa préférence allait aux régions désertiques, aux terres nues où les hommes se tiennent droits. Partout où il est allé, il n’a rencontré que des individus dignes d’intérêt, chacun portant en lui l’héritage de ceux qui l’ont précédé. Les rencontres l’ont émerveillé, étonné et séduit. Depuis près de dix ans à son retour, il transpose les ombres et les lumières de ses Orients sur la toile, peignant ses souvenirs. Les pages de ses carnets se remplissent de ses propres découvertes, de ses rencontres, de ses conversations au bord du fleuve, à El Maïn, avant la pluie, avec le vent.