Carnet de voyage Emporté par la foule de la Kumbha Mela par Julien Fortin
Carnet de voyage - Inde

Emporté par la foule de la Kumbh Mela

Julien Fortin a réussi à quitter in extremis Haridwar. Pour s’échapper de cette folie. La Kumbh Mela, festival hindou qui se tient une fois tous les 12 ans, n’était pas encore achevée, mais l’overdose rodait. En avril 2010, entre 10 et 14 millions de pèlérins ont envahi, plusieurs jours durant, cette ville d’à peine 200000 habitants. Au milieu de sâdhus hilares, d’ascètes irréels et de naga babas nus comme des vers, Julien Fortin a gravé dans sa mémoire quelques milliers d’images désormais inaltérables.

– EXTRAIT –

Le pied gauche sur le marchepied du train, la jambe droite dans le vide, je regarde le gravier blanc défiler sous moi entre les traverses.

Je suis accroché d’une main à la barre verticale longeant la portière, de l’autre aux barreaux de la fenêtre du compartiment. Mon sac à dos, en tirant sur mes épaules, m’invite à succomber à l’appel du talus.

Une foule compacte, débordant par toutes les ouvertures, m’empêche de rentrer plus avant dans la wagon. Katie a eu plus de chance, elle a pu s’engouffrer entre deux âmes charitables, qui ont hissé son sac à dos en équilibre au-dessus des têtes moustachues et souriantes des autres passagers.

Je ne la vois pas, mais je sais qu’elle peut m’entendre par dessus le cri des rails et du vent.

« I might fall quite soon, you know.

– Come on ! Be tough ! Be a man ! »

Au temps pour la compassion féminine. Je m’accroche. Il y a des ascètes qui se sont tenus sur une jambe pendant des décennies, ou qui ont dormi debout toute leur vie. Je survivrai bien à une demi-heure d’acrobatie sur rails.

Mais si je n’avais pas tant besoin des dieux hindous pour m’éviter la chute, je les maudirais bien – car ce sont eux qui sont à l’origine de ce voyage, plus encore que de tous les autres.

Carnet de voyage durant la Kumbh Mela de Julien Fortin à découvrir dans Numéro 5.

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