La juste place
-EXTRAIT-
À l’arrivée, le blanc se trouve partout, il irrigue même la lumière de la fin de journée, la transformant en enveloppe douce et réconfortante. Le printemps n’est plus très loin, il fait presque chaud : deux degrés au thermomètre. Dire que nous sommes presque déçus de cet accueil printanier. La hutte qui nous attend se trouve dans un élevage de huskies. L’intérieur est rustique : un lit massif, une table en bois qui laisse trôner fièrement une théière, un petit espace pour cuisiner et bien sûr l’élément fondamental, le poêle à bois. Le silence et la quiétude s’installent. Je porte encore en moi l’agitation de la ville, je sens que je suis présente à moitié, pour ainsi dire malgré moi, avec mille préoccupations qui me courent après. La nuit passe et avec elle une lueur étrange dans le ciel, un firmament presque indécelable à l’œil nu et dont seule la nuance fait varier la couleur des étoiles voisines. Je crois l’apercevoir et n’en finis pas d’y repenser malgré un mal de tête persistant. C’est le lendemain matin, lorsque je m’aventure dans la forêt qui commence là, au bout du chemin, que je commence à réaliser. Petit à petit, le
silence s’installe et s’affirme comme camarade.
Souvent, je chemine à côté d’un animal, déjà passé par là, il y a une nuit ou bien plusieurs jours. J’apprends à reconnaître les traces du lapin et je devine celles du renard. Ils me suivent, ils sont visibles partout et m’invitent à les imaginer poursuivant ici une proie, faisant le tour de cet arbre pour renifler une odeur étrangère ou bien rentrant tranquillement à leur terrier.
J’aime la nature. Au quotidien, dès que je le peux, je décide d’aller marcher mais j’ai la sensation de n’avoir jamais rencontré un tel silence. Mon regard parcourt le chemin, s’en va jusqu’au bout de cette ligne droite et cherche à deviner un son, une présence vivante. Pourtant, je ne trouve rien. Ou plutôt mes oreilles et mes yeux ne sont pas en mesure d’entendre, de voir toute cette vie dissimulée. Je me retrouve seule, entourée de traces et de sons enneigés.
Parfois, je vois apparaître une mésange, oiseau miraculeux : mais comment fait-elle pour avoir traversé tout l’hiver dans cette forêt, par ce froid ? Souvent, je chemine à côté d’un animal, déjà passé par là, il y a une nuit ou bien plusieurs jours. J’apprends à reconnaître les traces du lapin et je devine celles du renard. Ils me suivent, ils sont visibles partout et m’invitent à les imaginer poursuivant ici une proie, faisant le tour de cet arbre pour renifler une odeur étrangère ou bien rentrant tranquillement à leur terrier.
Voyager en Finlande avec le carnet de Marie Geredakis à découvrir dans Bouts du monde 58
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