Tiphaine Dupérier
Carnet de voyage - Pakistan

Descendre du Nanga Parbat

Descendre le Nanga Parbat (8 125 m) à ski, franchement ça manque de panache. Mais descendre le Nanga Parbat, à ski, dans le noir et sans lampe frontale, alors là oui ! Pour Tiphaine Duperrier, guide de haute montagne, cette aventure était une histoire de décisions à prendre ou ne pas prendre.

– EXTRAIT Récit de Voyage Pakistant –

Camp de base à camp 2

C’est difficile, long et surtout raide. Remonter le mur Kinshoffer avec vingt kilos sur le dos à presque 6 000 m relève du masochisme.

Camp 2 à Camp 3

La pente d’accès au camp 3 est en fait une illusion, une petite couche de neige recouvre de la glace dure. Mes mollets et moi sommes en pleurs. Arrivés au camp, nous laissons échapper un arceau qui s’arrête par miracle.

Camp 3 à Camp 4

La partie raide s’arrête avec le plateau de Bazhin à 7 100 mètres. On peut mettre les skis aux pieds, je suis heureuse de ne plus avoir à les porter et en même temps je suis inquiète de voir une montagne sur la montagne. La pente sommitale semble être la cerise sur le gâteau, en aussi beau mais pas aussi bon.

Camp 4 à 7990 mètres

Il fait froid, et cette fois c’est plus que long. Boris me distance et j’ai l’impression de partir en vrille. Je force pour maintenir un équilibre que je perds. Nous savons tous les deux que la nuit arrive et que nos frontales sont restées à la tente. Précaire, comme position. J’éclaire mes spatules à l’aide de mon téléphone et Boris n’ayant pas vu la glace affleurer, casse une chaussure.

Camp 4 à Camp 4

La descente de nuit de la veille nous a bien entamés. Nous campons là à 7 250 mètres, une vaine tentative de repos pour repartir vers le sommet le lendemain.

Camp 4 à 7 800 mètres

Les alpinistes ont la mémoire courte, mais tentent d’apprendre de leurs erreurs. Nous partons plus tôt, avec des frontales. La trace est à refaire, c’est déprimant. Je l’ai tellement lu dans les récits de montagne que je ne suis pas surprise de compter mes pas. À 7 800 mètres, Boris me relaie à la trace et me distance dans un petit passage mixte. Je fais un pas en avant et deux en arrière. Comme à la première tentative, je lutte de toute mes forces pour garder l’équilibre. Je me suis fait assommer et je commence à flipper.

Carnet de voyage de Tiphaine Dupérier à découvrir dans Bouts du monde 50

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