Glace fragile sur la Chadar
Carnet de voyage - Népal

Glace fragile sur la Chadar

Cela fait déjà près de dix années que, chaque été, je pars dans la vallée du Zanskar. Par la sonorité de son nom et par le seul fait de le prononcer, l’appel au voyage s’opère. D’année en année, des liens se créent et se renforcent même. Ne plus m’y rendre me paraît désormais inconcevable.

EXTRAIT :

À l’extrême nord de l’Inde, coincée au cœur de la chaîne himalayenne, la vallée du Zanskar s’ouvre lentement. L’été, la route depuis le Cachemire ou le Ladakh, via la ville de Kargil, n’est plus la seule voie d’accès.

Padum, village principal du Zanskar, est désormais accessible par une chaotique piste carrossable depuis Darcha, le Shingu La (5 091mètres) et le village de Purné. Cette route modifiera inéluctablement le mode de vie des Zanskarpas qui s’interrogent sur les changements à venir, déjà bien visibles.

Malgré cela, le Zanskar reste coupé du monde durant sept longs mois d’hiver. Dès la chute des premières neiges, les routes deviennent impraticables.

La seule possibilité de sortir de la vallée ou de s’y rendre, est d’emprunter la légendaire rivière gelée : la Chadar. Au cœur de l’hiver, de mi-janvier à fin février, quand la rivière Zanskar est prise par les glaces, une fenêtre vers l’extérieur s’ouvre alors pour les Zanskarpas.

Aujourd’hui, la route qui se construit le long de cette rivière et qui permettra de rejoindre Leh en voiture, réduit sérieusement le temps de parcours à pied sur la Chadar. Il y a seulement quelques années de cela, il fallait marcher des journées entières de Padum à Leh. Actuellement, le parcours est réduit à trois jours de marche, selon l’état de la glace. La Chadar, j’en rêvais. Et plus encore depuis mes derniers séjours au Zanskar.

Mes amis, là bas, me répétaient souvent : « Viens en hiver. La vie est différente. On se retrouve entre nous. On prend le temps, on prie, on fête et on boit ! ».

Janvier 2019, c’est tout vu, nous partons pour une aventure hivernale, une expédition unique : le Zanskar par la rivière gelée. Mais les choses changent sur cette rivière. Si elle ne constituait qu’une voie de passage pour les seuls Zanskar pas, depuis deux ou trois ans, les agences de voyages indiennes font de la Chadar, un véritable produit touristique.

 

à découvrir aussi

Camille Poirot

Ma nature sauvage

par Camille Poirot

Camille Poirot a une conviction : le sauvage, en France, n’est sans doute déjà plus qu’une anecdote, subsistant en quelques rares endroits, pour rappeler à notre bon souvenir les spectres d’un passé révolu. Dans cette vision pessimiste assumée, les Pyrénées lui sont apparues comme une lueur d’espoir, une contrée en sursis.  – EXTRAIT Récit de voyage…

Jean-Marc Porte

Les dix doigts dans les prises

par Jean-Marc Porte

Il faudrait avoir passé sa vie dans les refuges de montagne pour comprendre de quoi on parle. Y avoir croisé des aventuriers des cimes revenant du Cervin, rêvant du Fitzroy ou redoutant le Nanga Parbat. Et encore, cela serait-il suffisant ? L’alpinisme est bien plus qu’une histoire d’ascensions et de défis physiques. C’est un immense pan…