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N°36 L'Amérique du Sud

Automne 2018

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Dans chaque numéro de Bouts du monde, une quinzaine de carnets de voyages et une thématique pour rire, rêver, s’émouvoir ou questionner le monde.

Description

Tous ont pensé au commandant FitzRoy, sur le pont du HMS Beagle, refermant le haut de son caban au moment de s’enfoncer dans les canaux de Patagonie. Tous auraient aimé remonter le temps, pour voyager avec Charles Darwin, dont les observations dans les confins du monde ont changé la science à jamais, n’en déplaise à quelques créationnistes moyenâgeux. Tous, sans doute, ont rêvé devant un atlas grand ouvert, pris de vertige par le labyrinthe des chenaux de la fin del mundo et la sonorité des toponymies de la Terre de Feu : détroit de Magellan, Ushuaia, cap Horn, passage de Drake… C’est ce vertige qui a saisi Gisèle Lesplingard et Gildas Chassebœuf, voyageurs contemplatifs qui aiment se nourrir, quand ils préparent un voyage, des histoires d’explorateurs. Des sentiments qui enivrent au quotidien Eric Dupuis et Claude Derdos, convoyeurs de rêves sous les cinquantièmes rugissants à bord de leur goélette Vaihéré.

Un nom résonne davantage encore dans l’esprit des aventuriers : la cordillère de Darwin. Découverte à la fin du XIXe siècle, la chaîne de montagnes n’a été explorée que très récemment. Par Christian Clot, membre de la Société des explorateurs français, parmi les rares à s’être aventurés, en 2006, dans sa partie centrale, au prix de journées dantesques où les quatre saisons se succèdent à un rythme effréné. Et puis, en 2011, par six aventuriers du Groupement militaire de haute montagne de Chamonix qui ont réalisé l’exploit – jamais égalé à ce jour – de la traverser d’ouest en est. Nous racontons ici leur histoire, largement méconnue.

L’Amérique du Sud est une formidable terre d’aventure pour les voyageurs. En 1955, les Iraniens Issa et Abdullah Omidvar se sont enfoncés dans la forêt amazonienne au point de pénétrer les territoires des terrifiants Indiens Jivaros, dont la réputation de réducteurs de têtes avait survolé la canopée. L’histoire de ces contemporains de Nicolas Bouvier n’avait jusqu’à présent jamais été publiée en France.

C’est aussi une indispensable terre d’étude qu’a parcourue Lila Akal, une jeune anthropologue partie recueillir les paroles des habitants d’une forêt amazonienne accablée par mille maux : déforestation, orpaillage, menace sur la biodiversité, pillage de terres par des multinationales occidentales. Au fil des ans, le rapport qu’entretiennent Etienne et Emilie Druon avec la forêt d’Amazonie est devenu intime, charnel. Rien d’étonnant tant la terre des jaguars ou des caïmans les a marqués dans leur chair et dans leur âme.

Réjouissons-nous alors de l’insouciante légèreté avec laquelle Slovia Ronginski, jeune architecte qui aime dessiner les habitats aux quatre coins du monde, s’est enfoncée dans la forêt d’Amazonie. Voyageuse peureuse mais téméraire, elle ne perd jamais, semble-t-il, l’occasion d’aller se fourrer dans un joyeux pétrin.

William Mauxion

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