Jérémie Bonamant Teboul Bouts du monde 39
Carnet de voyage - Mauritanie

La Méharée de la route du sel

Jérémie Bonamant Teboul a vu le vent du Sahara effacer l’empreinte de ses pas sur les dunes de l’Adrar en Mauritanie. Le long de la route du sel, le rythme de la méharée est propice à l’introspection. Et la monotonie apparente du désert met en relief le moindre signe de vie.

– EXTRAIT –

Tous sommes en Mauritanie, aux confins du Maghreb. Où le Sahara rencontre l’Atlantique. L’eau contre la sécheresse. Existe-t-il contraste plus saisissant ? Pays des Maures, d’où elle tire son nom, ce pays évoque avant tout le désert de sable et son immensité. Mais quelle audace de parler du désert. Le meilleur cadeau qu’un poète pourrait lui faire, serait de se taire, comme lui. Lui « rendre hommage non par de vains bavardages, mais par notre silence », les mots de Théodore Monod résonnent. Le carnet de croquis prend alors tout son sens. Discret et sincère, il m’a accompagné tout le long de cette découverte sensible du monde du désert. D’abord inspiré par l’agitation de la capitale, puis par le souffle du vent à travers les dunes, le dessin m’a ensuite permis de me glisser dans l’intimité des khaïmas, tentes traditionnelles, et de partager quelques bribes de nomadisme avec ce peuple si fier et singulier.

Tout commence à Nouakchott, la capitale. Je suis en compagnie de Loïc et John, deux amis photographes et réalisateurs. Nous souhaitons réaliser un film documentaire et un carnet de voyage. Le but ? Offrir une immersion sensible et artistique dans la vie quotidienne des communautés nomades du plateau de l’Adrar, dans le Sahara mauritanien. Partant de l’idée de suivre la route du sel, nous voulons partager le quotidien des hommes et des femmes du désert. De la récolte depuis les mines côtières de Nouakchott, du troc à la vente sur les marchés jusqu’à son acheminement aux campements nomades à dos de dromadaire, nous goûterons à l’essence de cette épice et de ce peuple unique.

Chinguetti est une ville sous perfusion. Elle se bat chaque jour contre l’avancée du sable qui, peu à peu, tente de l’engloutir. Et elle a bien failli s’évanouir sous son poids, en juillet 2003 : le niveau d’ensablement des quartiers historiques avait atteint presque trois mètres

Carnet de voyage de Jérémie Bonamant Teboul à découvrir dans Numéro 39

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