Edouard Bourély - GR20 Corse - Carnet de voyage
Carnet de voyage - France

Le GR20 hors saison

« Distinguer le courage de l’inconscience est parfois aussi précaire qu’une ligne de crête », écrit Edouard Bourely, parti faire le GR20 en avril, en solo et sans expérience… De Calvi à Porto-Vecchio, cette initiation de 180 km fait passer de la mer à la mer par dix kilomètres de dénivelé, les quatre saisons et toutes les émotions.

– EXTRAIT –

En préparant la Corse, on n’imagine pas la neige. Surtout que les forums innombrables en parlent peu et font l’apologie de l’économie. Pas de tente, que de l’eau, course au poids : douze kilos max. Oui, en été, sans névés, quand les refuges se changent en campements étoilés choyant la foule des performeurs.

Au printemps, le matériel nécessaire tient plus de l’alpinisme que de la randonnée. Le duo crampons-piolet recommandé par les locaux n’est pas de trop. Les abris non-gardés réservent certes la joie primaire de sécher ses affaires, mais c’est tout. Il faut n’avoir rien oublié avant de s’élancer. Ne pas négliger la nourriture diversifiée pour combler l’estomac et égayer les fins de journée – le ravitaillement ne pouvant se faire, non sans mal, qu’à mi-chemin. Prendre les bâtons pour soulager les épaules engourdies autant que les genoux malmenés par les cailloux. Et garder une place pour la tenue du soir, sèche, chaude pour profiter de ces perchoirs. En choisissant de ne réaliser qu’une étape par jour, les après-midi solitaires se prêtent à l’observation et à la réflexion. – Prendre aussi de quoi noter ! – Pour apprécier ce voyage, il vaut mieux ne pas être pressé. Fin avril, s’élancer en premier sur l’ensemble du GR20 est une expédition : autonomie complète, équipement pour tous les temps, calendrier qui s’adapte aux conditions.

Les cols immaculés, comme de la Brèche de Capitello à la Bocca Muzzella, mettent à rude épreuve les bonnes volontés mal préparées. En chaussures légères, l’économie de poids se paye en sueur.

L’approche est ravissante. L’île a revêtu sa robe bariolée bourdonnante de pollen. Mais ce songe estival s’estompe alors que le sentier s’échappe vers les cimes… Si les crocus dressent le tapis rose par tous les temps, partir tôt c’est surtout le privilège de faire la trace dans un paysage vierge. Blanc. Sous-bois bouchés et sommets enneigés.

La partie nord, de Calenzana à Vizzavona, est réputée plus difficile car escarpée. À cette époque elle est même glacée. Les cols immaculés, comme de la Brèche de Capitello à la Bocca Muzzella, mettent à rude épreuve les bonnes volontés mal préparées. En chaussures légères, l’économie de poids se paye en sueur. Les nerfs s’épuisent autant que les chevilles pour éviter la chute, qui finirait trois cents mètres plus bas dans un lac gelé…

Le carnet de voyage « Le GR20 hors saison » d’Edouard Bourély à découvrir dans Bouts du monde 55

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