Carnet de voyage - États-Unis

United Colors of New York

Patricia Allais-Rabeux avait beau savoir où elle mettait les pieds en débarquant à Manhattan, elle est restée bouche bée, les bras ballants et le nez en l’air en découvrant l’Empire State Building. Et puis, ce n’est pas parce que tu as déjà vu ça cent fois à la télé que tu n’as pas envie d’arrêter un yellow cab sur la 42e !

Je sortais tout juste de l’adolescence. Un ami, peintre, graffeur, tatoueur, m’avait raconté son séjour de plusieurs mois à New York. Il en parlait avec une telle énergie, une telle passion que très naturellement nous étions tous subjugués. Qui n’a jamais voyagé à travers les récits des autres ? Ce voyage imaginaire, je l’ai fait tant de fois, fabriqué, rêvé, fantasmé, adoré, regardé. Ne manquant aucune série où l’on pourrait voir un coin de Manhattan. Cette envie ne m’a jamais quittée. C’était comme une évidence : je devais y aller peindre.

Il faudra attendre vingt-cinq ans. J’achète enfin un bloc-notes et je commence mes listes. Je fais toujours des tonnes de listes, cela me rassure. Aquarelle, papier, appareil photo, ordinateur portable. Oublier toutes les idées reçues, prendre un taxi jaune, aller saluer Serpico, aller voir les œuvres de Pissaro. Acheter une très bonne paire de baskets, un sac, plein de Lewis 501 et de Dickies.

L’atmosphère de la ville s’impose rapidement. La rame de métro est cosmopolite : un gardien dort et ronfle, une femme est chargée d’une multitude de sacs colorés, une Mexicaine chuchote en espagnol dans son mobile, un rasta bouge ses dreadlocks au rythme de ses écouteurs. À Braodway jonction, une jeune femme en tenue d’été entre avec son surf sous le bras. Nous ne ratons pas une seule miette du paysage urbain qui défile le long de la ligne aérienne J.

Nous décelons les premières bribes de l’iconographie américaine. Avec des histoires crédibles ou non. Histoire emplie de mythes et de légendes cinématographiques. Juste au coin d’une rue, l’affiche des « Sons of anarchy » dont nous avons dévoré tous les épisodes. Nous avions trouvé un studio, dans l’East Village, entre Saint-Marck Place et Alphabet city. La septième rue est belle. Sa succession d’immeubles étroits en briques, avec leurs étages à demi enterrés en sous-sols fleuris, leurs escaliers grimpant à pic jusqu’aux rez-de-chaussée, leurs fenêtres à glissières, leurs arbres au bord de la chaussée, leurs échelles extérieures si typiques de l’architecture traditionnelle du XIXe siècle dans Manhattan. Les magnifiques sorties de secours extérieures avec leurs armatures en fer peintes qui dessinent des lignes droites, obliques, horizontales cheminant tout au long des rues.

© Carnet de voyage de Patricia Allais-Rabeux à découvrir dans Bouts du monde n°27

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