Description
Sauter sur l’occasion
D’autres mondes. D’étonnants voyages nous font soudain traverser le miroir. Nous voilà embarqués pour des contrées que l’on soupçonnait à peine et des aventures que l’on n’aurait pas osé imaginer. Elles sont parfois escortées par la représentation fantasmée que l’on se fait des lieux ou des traversées, ou bien par les rêves un peu fous formulés parfois très jeunes.
Prendre ces derniers très au sérieux n’empêche pas de faire de son voyage un amusement. Et voilà comment Maxime Aumon a joué aux Lego grandeur nature en Sibérie, puis dans les steppes d’Asie centrale. Le jeu en valait la chandelle. Il s’agissait d’assembler des tubes de métal pour construire un chariot, un traîneau ou bien un radeau en fonction du terrain rencontré. Et voilà comment Margault Demasles s’est embarquée, elle qui n’y connaissait rien en navigation, pour un tour du monde en équipage sur une course de voiliers façon vintage. Et que dire d’Alexandre Sattler ? Ce photographe humaniste a suivi une caravane de saltim- banques bien décidés à convoyer un piano par-dessus les cols de l’Himalaya. Quant à Sylvain Cnudde, graphiste de son état, il est parti vers les Terres australes et antarctiques françaises parce qu’il y avait besoin de main-d’œuvre pour la maintenance de matériels scientifiques dont il ignorait presque tout du fonctionnement.
Ces étonnants voyages ont un point commun : ceux qui en ont tracé l’itinéraire ont su sauter sur l’occasion : c’est le visa nécessaire pour aller se confronter au dépaysement, à l’inconnu et à l’aventure. Ces envies d’ailleurs peuvent parfois prendre la forme de paroles en l’air, alors il ne faut pas traîner avant de les concrétiser. D’autant que le départ n’est jamais chose aisée; à quoi bon quitter le cocon rassurant du quotidien? Parce qu’il peut être aliénant, nous raconte en substance Maxence Ansquer qui s’est dit que, puisqu’il savait naviguer sur les océans, il n’avait qu’à faire un tour du monde. Dans un coin de sa tête, cette métaphore de marin signée Mark Twain : « Vous regretterez plus dans vingt ans ce que vous n’avez pas fait que ce que vous avez fait. Alors larguez les amarres! Abandonnez la sécurité du port. Gonflez vos voiles dans les vents d’alizés. Explorez, rêvez, découvrez ».
Pas besoin d’aller si loin pour s’étonner du monde : dans un phare du Finistère nord, quelques mots, quelques croquis de Sophie Bataille racontent un quotidien discret. Le désir de s’éloigner des rivages connus a conduit Marie-Laure Vareilles dans les hautes vallées du Zanskar en Himalaya. Qu’allait-elle y trouver ? Un refuge pour se mettre un temps à l’abri du monde et l’occasion de recommencer quelque chose à zéro. Il est étonnant de voir combien le voyage transmet l’envie de prendre un nouveau départ, ou possède la faculté de poser des jalons dans la vie de chacun. Parlez-en à Férial. De ses multiples voyages au Canada, la photographe ne se souviendra pas seulement de la neige qui enveloppe ses images de mystère. Elle se souviendra aussi que c’est là-bas qu’elle venait régulièrement retrouver son grand garçon.
William Mauxion