carnet de voyage au Sikkim- Hélène Ferrarini - Sikkim, Inde - photographie - Bouts du monde
Carnet de voyage - Inde

Cinéma itinérant dans le Sikkim

Carnet de voyage. Hélène Ferrarini ne regardait pas beaucoup les films qu’elle projetait, dans une école ou une arrière cuisine du petit royaume du Sikkim, dans l’Himalaya indien. Mais elle ne perdait pas une miette des éclats des rires suscités par les farces de Charlie Chaplin, ou bien de l’émotion née des documentaires en langue lepcha qui racontaient leur histoire, leur culture, leur quotidien.

– EXTRAIT –

Chuuutiya ! Commencer ma tournée cinématographique himalayenne par une résonnante insulte hindi ; et me placer ainsi sous le parrainage d’Alfred Jarry et de son ubuesque « merdre » introductif. Oui, chuutiya ! Ce chuuutiya de vidéoprojecteur NE-MAR-CHE-PAS ! Il ne marche pas. Oui, chuutiya encore, car cela sent le projet loufoque à plein nez de vouloir aller projeter des films dans des villages isolés en plein dans les contreforts de l’Himalaya. Chutiya.

Revenons-en à cette affaire de vidéoprojecteur. Notre chère planète Terre n’a pas eu le temps de tourner une fois sur elle-même depuis que j’ai foulé le sol indien et le bel édifice technologique que j’avais soigneusement élaboré s’est déjà effondré tel un colosse aux pieds d’argile. Le colosse en question : un mini vidéoprojecteur de 250 grammes qui tient dans ma poche et qui me permettrait de projeter de belles images de trois mètres de diagonale aux quatre coins de l’Etat indien du Sikkim. Seulement, ce bijou technologique ne tient pas la route. J’en prends conscience lors d’une répétition générale chez une amie indienne à New Delhi, opération que j’avais pourtant déjà faite à plusieurs reprises avant le grand départ.

Allumage du vidéoprojecteur, allumage du…, allu… rien ! Enfin si, un fond d’écran grisâtre tacheté de points blancs. Ça peut peut-être donner l’illusion d’être un film surréaliste Dada, mais ce n’est pas exactement ce que j’avais prévu. Impossible de projeter le moindre film ! (…-

24 février 2012. La première. La première projection. L’alliance du miracle de la technologie au miracle du rire sincère des enfants de la petite école primaire de Bom. Le miracle de la facilité aussi. Les enseignants auprès desquels je me présente la gueule enfarinée acceptent d’organiser une projection sur le champ. Moi, au milieu des marmots, aux commandes du vidéoprojecteur, heureuse à en pleurer, fière à en rire. Ça fonctionne.

Les gestes maladroitement réalisés pour la première fois se renouvelleront avec plus d’assurance tout au long du voyage. Une projection est toujours un branle-bas de combat. Il faut installer le matériel, réunir le public, faire le noir dans les pièces en journée. Pour obstruer les fenêtres, nous faisons feu de tout bois : tableau noir, rideaux, cartons, châles, couvertures, pancartes… Trouver des sources d’électricité ou prier pour que la batterie solaire tienne jusqu’au bout. J’alterne projections scolaires et nocturnes. Jeeps et marche à pied. Je dors dans les villages chez l’un des habitants, auprès de qui mon népalais progresse à grand pas.

La suite du carnet de voyage d’Hélène Ferrarini est à lire dans Numéro 13.

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