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N°33 Les routes mythiques

Hiver 2018
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Dans chaque numéro de Bouts du monde, une quinzaine de carnets de voyages et une thématique pour rire, rêver, s’émouvoir ou questionner le monde.

Description

La rumeur parcourait la vallée qu’une équipe de télévision promenait sa caravane pour le tournage d’un documentaire. À coup sûr, nous croiserions son chemin, puisque le Zanskar offre assez peu d’alternatives au niveau itinéraire : il n’y a pas de route, mais un sentier et des cols à plus de cinq mille mètres d’altitude en guise de way point.

Les réalisateurs Isabelle Coulon et Jean-Michel Corillion racontent des histoires d’hommes qui ont choisi de changer le destin de leur communauté en construisant des routes. Sous la tente plantée au pied du Gumburanjom, à quelques heures de marche du village de Kargyak, ils évoquent ce destin fabuleux : celui d’un sage, un moine de Phuktal, qui a décidé de construire une route pour désenclaver sa vallée, suppléant ainsi un État indien démissionnaire. Pour ce faire, le moine a vendu des terres de son village afin d’acheter un tractopelle. Chaque année, pendant le court été, il trace la piste, dirigeant seul la manœuvre de l’engin de travaux. Tous les ans, il reconstruit ce que l’hiver a cassé puis avance de quelques centaines de mètres. Un travail dantesque. Et sitôt les tronçons achevés, il ne faut pas attendre une heure avant que des véhicules ne s’engouffrent sur la piste pour aller le plus loin possible. La route n’est pas achevée. En cette fin de mois d’août, les enfants du Zanskar quittent leur vallée, à dos d’âne ou de cheval, pour la rentrée scolaire à Manali. Trois ou quatre jours de voyage. Ils reviendront, dans le meilleur des cas, l’été suivant.

Pourquoi des routes deviennent-elles mythiques ? Le qualificatif n’effleure sans doute jamais l’esprit de ceux qui les parcourent quotidiennement. Les superlatifs sont réservés aux voyageurs grisés par les cartes géographiques, qui ont les yeux qui brillent quand ils évoquent la Karakoram Highway entre la Pakistan et la Chine ou la Ruta 40 en Patagonie.

La route est un baromètre assez fiable du pays qu’elle traverse. Sur les bords de la Route 66, les panneaux publicitaires pour les gun shows ou pour l’église du coin ont confirmé tous les préjugés de Volodia Pretropavlovsky sur le Midwest américain. La Dalton Highway en Alaska ressemble à une gigantesque ornière au milieu d’une terre grandiose, une autoroute impardonnable qui ravitaille les stations de forage de Prudhoe Bay. La route qui traverse l’Australie du nord au sud, parcourue en 2CV par Frédérique-Hubert Berlèque, lève le voile sur les conditions de vie des Aborigènes, laissés pour compte dans des villes oubliées de tous.

À regarder les photos de David Ducoin, on s’imagine quelques siècles plus tôt, au moment de la construction du chemin des Incas dans la cordillère des Andes. Il a assisté à la rénovation vertigineuse d’un pont de cordes, abîmé chaque hiver à cause des intempéries.

François Remodeau, lui, n’a voulu franchir aucun pont, parcourir aucune route. Il s’est mis en tête de faire le tour de son département d’Indre-et-Loire, sans jamais s’éloigner des limites administratives de plus de quelques mètres. Le cheminement fut difficile, entravé par les clôtures, les usines ou les propriétés. Parce que les routes ne suivent jamais les frontières, elles les traversent.

William Mauxion

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