Carnet de voyage : Inde - Bouts du monde - Siméon Baldit de Barral - photographie
Carnet de voyage - Inde

Les rumeurs de la Kumbha Mela

Siméon Baldit de Barral et son cousin Alexandre avaient déjà 11 000 kilomètres de bicyclette dans les jambes quand ils ont débarqué en Inde, en avion. La transition fut rude entre les avenues enneigées de Bishkeck, et les rues surpeuplées et surpolluées de New Delhi, entre le froid de l’hiver en Asie centrale et la folie de la Kumbh Mela d’Allahabad, le plus grand festival religieux du monde, qui se trouvait, par hasard, sur leur itinéraire.

– EXTRAIT –

Un soir, à l’approche d’Allahabad, nous doublons, surpris, deux larges tricycles à l’allure rudimentaire. Un balluchon pendouille au guidon. Moment d’observation, style western. Les montures diffèrent, la quête semble similaire… Ils font halte. Nous faisons halte. Un attroupement se crée. Au centre, nous communiquons. Petits mots et grands gestes, l’essentiel. Privés depuis l´enfance de leurs jambes par la polio, Rich et Cham effectuent un pèlerinage à la Kumbh Mela. Depuis leur ville d´origine, 600 kilomètres plus à l’ouest, ils progressent lentement, à la force des bras, avec un seul objectif : purifier leurs corps dans les eaux sacrées du Gange. Quelle foi ! Doucement, nous glissons dans la mystique de l’hindouisme, entre-apercevant la dimension sacrée de ce qui va devant nos yeux se dérouler.

Chaque Kumbh Mela attire un nombre croissant de fidèles : 85 millions en 2001 et près de 105 millions cette année. Lorsque nous arrivons dans la ville, il règne partout une activité frénétique. Les pèlerins affluent, massivement. Difficile de se frayer un chemin dans ces rues congestionnées. Nous nous faufilons. Peu à peu la ville disparaît, laisse place à des campements encore solides, organisés. Enfin, quelques coups de pédales nous propulsent en haut de la digue. De là, un panorama incroyable s´offre à nous. Sur le sable, des routes provisoires ont été posées, des tentes, des temples, des chapiteaux de toile et de bambou érigés, des ponts flottants sur le Gange alignés. Sur les larges rives du fleuve, à perte de vue, s´étend un fourmillement fantastique. Par un dernier élan, nous plongeons dans la Kumbh Mela.

Carnet de voyage de Siméon Baldit de Barral, à découvrir dans Numéro 28

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