Carnet de voyage - Chine

Un matin dans les hutong de Pékin

Il y a deux rythmes à Pékin : celui ultramoderne, où le temps est de l’argent, où les routes sont larges et les éclairages virulents ; et celui d’un ancien temps, où les rues sont fines et longues, où les éclairages font ce qu’ils peuvent, où la vie écoute le tempo du soleil. La journaliste stagiaire Nathalie Man a navigué de l’un à l’autre mais a choisi son pied-à-terre dans les hutong de Pékin. 

– EXTRAIT –

Mes matins sont les regards qui se cognent contre ce mur face à la seule fenêtre dans la salle où je dors. Jamais je n’aurais cru vivre en face d’un mur, mais ici, tout est possible.

Mes matins ont le goût d’un jus de fruit personnalisé: orange, ananas, carotte, gingembre. Je vais chez ce jeune tchèque, qui tient un café et fait parallèlement de la traduction pour une entreprise de téléphonie. Il a ouvert ce petit café depuis trois jours avec son ami chinois qui parle très bien anglais. J’ai bu le faux café pour enfants de son pays: « Malta » ça s’appelle, il n’y a pas de caféine. Ce sont des sortes de céréales. J’y passe tous les matins ou tous les après-midi. Il va bientôt mettre Internet, j’ai hâte. En face de son café, il y a un cordonnier qui est toujours là. Il possède un caisson à roulette qui lui sert de boutique. Je vais lui amener mes bottes bientôt. Il n’est vraiment pas cher et il semble réparer les chaussures à merveille.

J’aimerais passer plus de temps dans mon quartier et prendre des photographies de tous ces ouvriers assis sur les toits des Hutongs. Ils boivent du thé de leur thermos, ils mangent du riz. Ils rient. Parfois ils descendent s’asseoir sur une chaise et ils se mettent à une petite table, aussi petite que la chaise pour y jouer aux cartes, aux échecs chinois, au mahjong, à toutes sortes de jeu. Parfois, ils sont assis paisiblement sur les toits, avec un ciel bleu en fond, quand on a de la chance, et les plantes sauvages poussent droites des toits : c’est un paradis pour l’imagination.

Les dessins de Francesca Capellini et l’intégralité du récit de voyage de Nathalie Man sont à retrouver dans Numéro 19.

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