
Un printemps
Chaque matin, nous marchons de chez notre fils Antoine jusqu’au métro de la place Tahrir. En longeant la grande avenue Qasr Al Aini, deux grandes portes de métal aux couleurs du drapeau égyptien: « Elles peuvent se refermer en cas d’émeutes, pour protéger le parlement, la résidence du Premier ministre et empêcher les rassemblements place Tahrir devant le bâtiment de la sécuritéintérieure », nous explique Antoine.
« Tout a changéici depuis la révolution du 25 janvier 2011 ». Des hommes, âgés de 50 à70 ans nous racontent en écoutant Oum Kalsoum, « l’astre d’Orient », considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe. Ils nous invitent àboire le chaï, le café, le karkadé(infusion de fleurs d’hibiscus), ou àmanger le kochari, plat traditionnel égyptien.
« Depuis la révolution, il n’y a plus personne »
Plusieurs d’entre eux ont perdu leur travail. Hassan a dûfermer son bazar, dans la rue Bab El-Wazir, entre la mosquée bleue et la citadelle. « C’était pourtant un quartier très touristique, le quartier des mosquées », dit-il. « Mais depuis la révolution, il n’y a plus personne, les gens ne veulent plus venir en Égypte ». Nous sommes accueillis chaleureusement àchaque coin de rue. Le lendemain, nous visitons les pyramides. Àl’intérieur de Mykerinos, nous sommes seuls.
Vendredi. C’est le week-end. Nous partons en microbus, taxi collectif, à150 kilomètres dans le désert de Scété. Nous visitons les monastères coptes de Wadi El-Natrun, grâce àAhmed, jeune chauffeur de tuk-tuk. Ahmed a 22 ans, comme Antoine, et pourtant pas les mêmes préoccupations. Il est fiancé. Comme encore souvent dans les pays arabes, le mariage a étéarrangépar la famille. Le jeune homme a emprunté35 000 livres (1 700 euros) pour s’acheter son véhicule de travail. Il construit sa maison, près de celle de Nadia, sa mère. Ce n’est que lorsque la maison sera achevée qu’il pourra se marier.
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde