Carnet de voyage Jérémy Bezard
Carnet de voyage - Argentine

Un vélo cargo taillé pour l’aventure

Jérémy Bézard se dit solitaire et passionné, curieux et têtu. Il faut sans doute un peu de tout ça pour entreprendre pareil périple : traverser l’Amérique du Sud dans tous les sens à bord d’un vélo cargo. D’autant plus quand on est novice en la matière et que les premières pentes des collines du Morvan mettent le moral à dure épreuve. Là-bas, il se délestera vite de son habit de voyageur et de néophyte pour endosser celui d’artiste nomade.

-EXTRAIT-

Mais putain Jérémy, dans quelle galère est-ce que tu t’es encore embarqué ?! » Moins de vingt kilomètres après avoir récupéré mon vélo cargo, ce mantra lancinant me défie déjà. Et pour cause ; parti à l’arrache et totalement inexpérimenté, je n’avais pas anticipé les reliefs immédiats du Morvan qui m’accueillent avec adversité. Ses côtes interminables sont en réalité trop difficiles à franchir sans descendre de mon nouveau compagnon. Ce premier trajet, que je pensais à tort n’être qu’un simple exercice d’entraînement entre la Bourgogne et ma Bretagne natale, me percute avec une difficulté insoupçonnée. Je prends alors conscience de toute l’arrogance et de l’inexpérience avec lesquelles j’ai décidé de partir faire un tour du monde à vélo. Mais impossible de faire machine arrière car quelques jours plus tôt, en m’offrant un aller simple pour le Pérou, j’avai scellé mon destin. Maintenant pris de doutes quan à mes capacités, c’est en poussant mon vélo que je me répète à voix haute « Mais putain, Jérémy, dans quelle galère est-ce que tu t’es encore embarqué ? ! »

Moi qui n’étais pas du tout sportif, qui n’avais jamais entrepris de voyage à vélo et qui ne parlais pas un mot d’espagnol, j’ai pourtant choisi comme première destination l’Amérique du Sud.

N’ayant ni femme ni enfant, un job d’artiste plasticien relativement libre et l’utopie de pouvoir vivre de mon art, c’est en pleine crise de la trentaine que j’ai pris la décision sur un coup de tête de m’en aller parcourir le monde à la force de mes mollets. Moi qui n’étais pas du tout sportif, qui n’avais jamais entrepris de voyage à vélo et qui ne parlais pas un mot d’espagnol, j’ai pourtant choisi comme première destination l’Amérique du Sud au seul motif que mon cousin vivait en Argentine. Bien que cette envie bouillonnait en moi depuis mon enfance, me persuader moi-même de la nécessité de partir fut la décision la plus difficile à prendre de toute ma vie. Mais une fois résolu à changer de vie, l’excitation et la motivation ont rapidement pris le dessus. Choisir une destination, déterminer mon équipement, apprendre une langue, etc., toutes ces questions n’étaient plus que de l’ordre du matériel.

Carnet de voyage en Amérique du Sud de Jérémy Bezard à découvrir dans Numéro 59.

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