Fouiller le désert à Oman par Christophe Sévin
Carnet de voyage - Oman

Fouiller le désert d’Oman

Au bout du désert, des tombes préhistoriques du royaume de Magan affleurent sur le sable et les cailloux. Un livre d’histoire à ciel ouvert qu’est venu fouiller régulièrement l’archéologue Christophe Sévin sur les bords de la mer d’Arabie à Oman. Là, plus de deux mille ans avant notre ère, vivait le peuple de la mer.

-EXTRAIT-

Nous sommes en février et il fait encore froid à cette heure-ci. Dans quelques heures, le soleil sera haut et la température franchira aisément les 36° C ; mais pour le moment, les membres de l’équipe, tassés dans la voiture, sont chaudement vêtus de pull et de leur cheich autour du cou en guise d’écharpe. À l’extérieur, une épaisse brume s’est levée avec les premières lueurs de l’aube, montant depuis la lagune du Khor Jarama autour de laquelle se trouve le site archéologique. Nous traversons au ralenti le village de Ras al Hadd. Les phares peinent à percer cet épais brouillard et nous ne voyons pas plus loin que l’avant de la voiture. Le long de la route nous apercevons, brillants comme des taches lumineuses, les néons des quelques échoppes en train d’ouvrir et vers lesquelles nous nous dirigeons pour acheter notre ftur, le petit déjeuner arabe que nous ferons à la pause de 10 heures. Il sera composé d’œufs, de galettes de pain encore chaud, de fromages et de dattes. Les thermos de café et de thé chaud ont déjà été remplis avant de quitter la mission.*

À cette heure-ci, les tombes préhistoriques que nous sommes venus fouiller sont encore à peine visibles dans la brume, et elles se devinent plus qu’elles ne se voient au milieu d’un paysage lunaire.

Après une dizaine de minutes et quelques kilomètres de piste, le site est là, sur un petit promontoire rocheux. À cette heure-ci, les tombes préhistoriques que nous sommes venus fouiller sont encore à peine visibles dans la brume, et elles se devinent plus qu’elles ne se voient au milieu d’un paysage lunaire. Pour l’œil du voyageur, elles ne sont que des tas de cailloux au milieu des terrasses et sur les lignes de crêtes ; pour les archéologues, elles sont une fenêtre sur le passé, un livre ouvert qu’il convient de déchiffrer. C’est que l’histoire d’Oman ne débute pas avec les écrits d’Hérodote ou les récits des grands explorateurs arabes. L’histoire d’Oman se perd dans la nuit des temps, à une époque où cette petite terre, située tout au bout de la péninsule arabique et coincée entre les grandes civilisations de l’Indus, de la Mésopotamie et de la Perse, jouait un rôle de première importance dans l’histoire et le développement des premières grandes civilisations humaines.

Carnet de voyage de Christophe Sévin à découvrir dans Bouts du monde 57

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