Carnet de voyage - France

Le rythme du phare

Claire, Sophie et Baptiste ont puisé dans l’énergie et la rusticité du phare de Wrach’ dans le Finistère les ressources nécessaires à une résidence artistique, rythmée par les va-et-vient de l’océan, des goélands et de l’inspiration.

– EXTRAIT – 

Il y a la maison-feu, blanche aux volets verts et, à marée haute, la mer tout autour. À marée basse, l’estran ouvre, pour quelques heures seulement, un passage vers la côte. En haut de l’escalier en colimaçon, au sommet d’une tour qui évoque un clocher silencieux, il y a le phare : un feu scintillant rouge, visible à sept milles au large d’une côte qui pénètre en profondeur à l’intérieur des terres : c’est l’Aber-Wrac’h. Autour de cette maison-phare : un jardin potager, une garenne trouée par les lapins, et l’eau salée, partout ailleurs. La vie sur l’île Wrac’h suit un rythme qui lui est propre et contre lequel il est vain de vouloir lutter. C’est le rythme des marées, celui de la solitude ou des arrivées de promeneurs. C’est aussi le rythme de la lumière. Quand le soleil a disparu derrière la ligne d’horizon, les faisceaux des lampes frontales nous fatiguent vite et nous poussent au lit vers neuf heures, pour des nuits de douze. On dort bien dans la maison de la mer… sauf en cas de tempête. (…)

Un panneau solaire recharge l’unique ampoule de toute la maison, qui grésille au bout d’une heure. Juste au-dessus, au sommet de la tour, une autre lampe projette sa lumière à une dizaine de kilomètres à la ronde, toute la nuit, sans sourciller. Et dire que les deux partagent le même toit.

Quand la nuit est tombée, il n’y a plus que le phare et sa lumière rouge. L’eau est partout. Alors, on ne sait plus bien si on est au phare, dans le phare, ou si l’on est devenu un peu du phare lui-même. Est-ce nous qui gardons le phare ou lui qui nous veille, toutes les nuits ? Un panneau solaire recharge l’unique ampoule de toute la maison, qui grésille au bout d’une heure. Juste au-dessus, au sommet de la tour, une autre lampe projette sa lumière à une dizaine de kilomètres à la ronde, toute la nuit, sans sourciller. Et dire que les deux partagent le même toit.

Grands vents. Les courants d’air se faufilent dans chaque aspérité et font chanter nos vieux murs. Le phare a tenu tête aux rafales toute la nuit. Les poumons de pierre ont râlé comme un vieux voisin insomniaque. Le vent s’installe pour la journée.

Carnet de voyage de Claire Audhuy, Sophie Bataille et Baptiste Cogitore à découvrir dans Bouts du monde 60

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