Simon Bouts du monde Chine
Carnet de voyage - Chine

La montagne aux joues percées

L’émerveillement le dispute au désenchantement. Simon, parti marcher avec son ami Patrick le long des rives du fleuve Jaune et dans le Qinghai, a dessiné une ébauche du Tibet, dont le trait est suffisamment précis pour se glisser dans un pli de l’espacetemps. L’idéal pour retrouver l’insouciance perdue à Pékin.

Xining, capitale de province, tient plus qu’elle ne promet. Premier abord : c’est une ville normalement hideuse, à la chinoise, juste aimable pour son ciel bleu ; le ciel bleu, en Chine, ayant tendance à devenir une pièce de musée, nous n’allons pas bouder ce trésor d’azur.

Mais on devine que les slogans officiels de propagande « Cool Xining » ne sont pas que des formules creuses, à moins que je les aie confondus avec des publicités pour la bière locale, auquel cas ils sont encore plus appropriés. Les habitants de la ville (et nous avons essayé les trois sortes, Hans, Musulmans et Tibétains) se montrent avenants et serviables. Un étudiant en théologie coranique s’improvise notre guide, une Chinoise entreprend Patrick, enfin une jeune étudiante tibétaine hèle pour nous un taxi qui nous emmène dans un lieu qu’elle a choisi à notre place ! Xining est hospitalière, multiethnique et imprévisible.

Patrick est aussitôt séduit par cette Chine musulmane aux foulards gais. Enfin, dit-il, des foulards qui exaltent la féminité au lieu de la répudier ! C’est un islam de doux barbus, de vieillards à binocles qui prennent leur nonchalance au sérieux, de jeunes mères en voiles à dentelles  et baskets, d’yeux bridés sous des calottes blanches ou des chapeaux de paille qui ombrent les parties d’échecs ; parfois l’on voit passer de jolies jambes pâles sous une robe rose, et l’on se regarde d’un air entendu.

Je ne cherche pas de présence spirituelle, juste la paix de vivre, bien mise à mal par les derniers mois pékinois. Et je commence à la retrouver avec ces deux vieux copains que sont Patrick et mon pinceau

à découvrir aussi

Peinture de l'artiste Simon exposée à Shandong en Chine

Gloire et déboire au pays de Confucius

par Simon

Il s’en est fallu de peu pour que Jean-Yves Simon se prenne pour une star. Dans l’Empire du Milieu, quelque part dans le Shandong, on a choisi un bel écrin pour exposer les peintures de l’artiste. Pour l’inauguration, on invita même des officiels du parti et des nouveaux riches. Mais les choses se passent rarement…

Françoise Cadoux - la traversée du Taklamakan - Cadoux

Engloutie par le Taklamakan

par Françoise Cadoux

Instagram n’existait pas encore quand Françoise Cadoux a entrepris sa formidable odyssée entre le Pakistan et le Tibet, en passant par le Karakoram et le Taklamakan. Se doutait-elle, après avoir gravi le Muztagh Ata en Chine (7 546 m.), que l’étape suivante, jusqu’à Urumqi, la mènerait dans la quatrième dimension ? EXTRAIT : A travers…