Saïgon : vapeurs d’opium
– EXTRAIT –
Retour à Saïgon…
Il n’y aurait probablement pas eu de voyage au Vietnam si je n’avais découvert bien tardivement ce secret de famille jamais dévoilé, au sujet de mes origines. Le mystère fut en partie élucidé à l’aube de mon demi-siècle…
Il ne me restait donc qu’à partir sur la trace de mon lointain passé, celui qui remontait avant ma naissance, au temps de l’Indochine coloniale, à Saïgon, du côté de la rue Catinat et de l’hôtel Continental. Je me plongeais dans la lecture de Marguerite Duras, de Duong Thu Huong (Terre des oublis), de Graham Greene pour tenter de saisir un peu de cette ambiance qui m’était encore complètement étrangère.
J’ai passé aussi du temps à observer des photos de l’époque, petits clichés en noir et blanc où l’on voit des jeunes femmes élégantes, des hommes tout de blanc vêtus, des groupes souriants buvant l’apéritif à la terrasse des cafés, des couples en pousse-pousse, de jeunes annamites en tenue traditionnelle ; on y voit aussi la belle ordonnance architecturale et l’animation des rues de ce centre-ville qui a le charme d’un coin de province.
En mai 2012, j’atterris à Ho Chi Minh Ville… que je renommerai Saïgon ; malgré tout mon respect et mon admiration pour oncle Ho, cette ville ne peut se détourner pour moi de la magie de son appellation d’origine ! La première impression de cette arrivée matinale fut cette chaleur humide assez suffocante (…)
J’ai décidé de m’installer à l’hôtel Continental pour quelques jours. Il règne une ambiance particulière dans cet hôtel mythique construit à la fin du XIXe siècle. Le lieu est chargé des personnages qui l’ont fréquenté ; je prends plaisir à imaginer Graham Greene en train d’écrire « Un Américain bien tranquille », ou dans les années vingt André Malraux qui y fonda son journal anticolonialiste.
Tout est resté avec le charme d’antan, le hall imposant, les couloirs un peu sombres, les chambres de beau volume donnant sur une cour intérieure, plantée de grands arbres. Je me remémore ce texte : « Saïgon est une ville plutôt agréable pour y passer quelques jours à ne rien faire. On y simplifie la vie du voyageur de passage. Vous restez plaisamment assis sous la tente qui abrite la terrasse de l’hôtel Continental, avec un ventilateur juste au-dessus de vous, attablé devant une boisson sans alcool, à lire dans le journal local de violentes controverses sur les problèmes de la colonie et les faits divers des environs ».
La suite du carnet de voyage de Michèle Adaoust-Goiran au Vietnam est à lire dans Numéro 23.
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