Carnet de voyage : le train entre Shwe et Kalaw en Birmanie
Carnet de voyage - Birmanie

Birmanie : tour de manège

Carnet de voyage. En Birmanie, le train entre Shwe et Kalaw joue aux montagnes russes. Tant pis si les bagages ne tiennent pas en place. Tant pis s’il pourrait perdre un ou deux wagons. Et tant pis s’il encombre le passage quand il s’arrête en gare.

– EXTRAIT –

De Shwe Nyaung à Kalaw dans l’état Shan au Myanmar (Birmanie) circule un train, tracté par une antique locomotive diesel, aussi utile que pittoresque.

A la gare peu de monde. Je suis immédiatement repérée par un employé qui me fait signe de le suivre à l’arrière du guichet. Étrange meuble de billetterie, totalement manuelle, à l’abri de toute défaillance informatique ! Je n’ai pas le choix, je me retrouve d’office avec un billet de première classe. Banquette en skaï. Délicate attention, un petit tissu blanc pour la tête, qui sera très vite soufflé par le vent et les tourbillons d’air qui pénètrent par toutes les fenêtres grandes ouvertes. Près de moi des familles souriantes et détendues qui s’apprêtent à partager ce voyage. Étonnement, elles disparaissent aux premiers frémissements de départ du train ! Ravies elles avaient seulement simulé leur départ pour la plus grande joie de leurs enfants !

De paisibles scènes rurales, venues d’un autre temps, laissent apercevoir des paysans, utilisant la traction animale la seule disponible dans ces contrées, presque soudés, corps à corps avec leur buffle. Un peu plus loin, d’autres travailleurs des champs, dans un alignement parfait, lient dans une parfaite harmonie des brassées de gerbes de blondes céréales.

Au gré des soubresauts et embardés le tortillard avance lentement mais surement. Il lui faudra quatre heures pour parcourir les soixante kilomètres du trajet. Il faut ajouter que les arrêts en gare se succèdent et ne sont pas faits pour améliorer sa moyenne horaire. Des marchands longent le train pour vendre, leur production locale, soit des petites choses à grignoter, soit leurs légumes chou, poivron, haricots verts. Tous ces fruits et légumes, tout à l’heure élément de décor viennent à nous, sur les quais, à hauteur de fenêtres, toujours accompagnés de sourires et de gentillesse. Mon voisin fait son marché puis s’endort de tout son long sur la banquette.

Carnet de voyage de Laure Clémençon, à découvrir dans le Numéro 24.

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