
Birmanie : la capitale de l’absurde
Une pagode lumineuse qui émerge d’un fond noir. Voilà la première image que j’ai, depuis le ciel, de NayPyiTaw, la nouvelle capitale de la Birmanie. Puis, l’avion s’approche et des autoroutes immenses à vingt voies commencent à apparaître. Elles sillonnent cet espace fantôme. Aucune silhouette ne se distingue mais des bois et des palais cachés.
Mettant le pied sur terre ferme avec cinq autres passagers, la première étape, une fois sortie de l’aéroport flambant neuf, est de trouver un taxi. Pas facile dans cette ville où il faut chercher les habitants.
En 2005, la junte birmane entame la construction de NayPyiTaw, sa nouvelle capitale, au cœur de la brousse et dans le plus grand secret. Les fonctionnaires sont sommés de s’y installer. Interdite d’accès jusqu’en 2011, la cité gigantesque est en fait surtout devenue la résidence des militaires. « NayPyiTaw » signifie « demeure des rois ». Des parades militaires et des sommets y sont d’ailleurs régulièrement organisés pour les ministres. Le peuple n’y est pas invité.
Le 2 janvier 2015 à 6 h 15, traversant une partie de la ville silencieuse en taxi, il n’y a personne dans les rues, comme à n’importe quelle heure de la journée d’ailleurs, je tombe par hasard sur une série de véhicules militaires filant à toute allure. Je décide donc de passer du temps sur un rond-point, avec mon appareil photo, traquant au loin la préparation à la parade de la fête de l’Indépendance. Ambiance irréelle et mystérieuse.
© Carnet de voyages de Stéphanie Buret à découvrir dans Bouts du monde n°29.
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