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Bouts du monde sur la piste de la biodiversité

1. Le Paradis Morcelé – Guyane

Pourquoi Étienne et Émilie Druon sont-ils retournés sans cesse, vingt années durant, en Guyane, au milieu de cette jungle dense ? Au fil des voyages, la forêt amazonienne a tantôt revêtu ses habits d’enfer vert, tantôt ceux d’un paradis morcelé. Les dessins d’Etienne racontent l’urgence de montrer la beauté et la fragilité du monde, les mots d’Émilie la peur et la nécessité de reconstruire leur fil d’Ariane. Après le drame. Après le miracle.

« Nous sommes en 2007 sur la montagne Châtaigne aux alentours de Cacao. Soyons honnêtes, il y a des jours où, j’ai beau être amoureuse, ben… la Guyane, la forêt, les bêtes et mon spécimen de mari, j’aurais bien troqué tout ça pour une soirée bières-foot ! C’est vous dire ! Partis tous les deux pour un bivouac en forêt, nous croisons deux randonneurs revenant en sens inverse. Ils nous préviennent de la présence d’un serpent lové sur le layon à quelques mètres de là, il se voit peu, camouflé au milieu du chemin, entre les feuilles. Après quelques succinctes questions pour déterminer l’espèce, Étienne part en courant fou de joie (moi pas). Il est certain que c’est un grage. Il m’invective de me dépêcher. Soyons clairs, j’ai mon sac de dix kilos sur le dos pour le bivouac qui potentiellement m’empêche d’avancer « vite » et de surcroît pas une once de motivation pour rencontrer la fameuse bête, qu’il va falloir prendre en photos sous toutes ses coutures pendant que mon cher mari le tiendra dans ses mains. Le tout sans penser à ce qui pourrait arriver si la « chose » s’énervait trop. « Allez, Émilie, dépêche-toi, on va le rater ! ». Quoi ? Le train ? À cet instant précis, je me dis que j’aurais mieux fait d’épouser un ingénieur informaticien et de rester à la maison regarder Koh-Lanta ! Étienne était tellement pressé de le trouver, et l’animal si bien camouflé, qu’il l’a tout bonnement enjambé ! Pour une fois (et ce n’est pas souvent), il n’a rien vu, et moi je n’ai vu que lui, bien caché sous sa souche, dans un halo de lumière, magnifique et tranquille, serein… pas comme moi. »  Lire plus …

Carnet de voyage d‘Étienne & Émilie Druon  à découvrir dans Numéro 36

2. Les traces de la panthère – Kirghizstan

Geoffrey Bire a parcouru les montagnes du Kirghizstan, pour relever notamment les pièges photographiques installés quelques mois plus tôt, dans l’espoir qu’y serait immortalisée l’insaisissable panthère des neiges. En octobre 2016, il a participé au programme Panthera, mené par l’ong Objectif science international pour effectuer un suivi de la faune sauvage.

« Certains jours, pendant que nous montions à pied sur les crêtes, nous laissions les chevaux pâturer aux alentours du camp, libres de toute selle et sacoches, seulement entravés par des liens entre les pattes. Nous grimpons pendant quelques heures, matériel d’observation et pique-nique sur le dos, nous arrêtant à flanc de montagne pour observer les arêtes d’en face. Nous avons, lors de ces expéditions pédestres, enregistré de nombreuses espèces : des aigles royaux, des vautours moines, faucons pèlerins, gypaètes barbus, vautours de l’Himalaya, des chevreuils, bouquetins de Sibérie, biches, cerfs, chocards à bec jaune… Nous avons également relevé des traces et fèces (excréments) de loups, hermines, ours brun isabelle, biches et panthères des neiges ! » Lire plus …

Carnet de voyage de Geoffrey Bire à découvrir dans Numéro 32

3. Des singes en hiver – Japon

 Alexandre Bonnefoy court le monde pour photographier les singes. à Wakinosawa à l’extrême nord de l’île d’Honshu, au Japon, il a trouvé l’endroit le plus septentrional du monde où des singes peuvent survivre à l’état sauvage.Mais les saru ne se laissent pas approcher facilement.

« À Wakinosawa, j’aurai six jours pour photographier ces singes. Mais avant, il faudra les trouver, ils sont moins de cinq au kilomètre carré dans ces montagnes enneigées, ce qui revient à chercher une aiguille dans une meule de foin. Cédric et Marie, les deux primatologues qui m’aident sur ce projet, n’ont pas pu me donner de contact de chercheur sur place ni de positionnement précis des groupes de singes. Sans un ciblage du lieu de recherche, c’est tout simplement mission impossible, surtout à cette période de l’année où il neige en continu avec des chemins recouverts de cinquante à cent cinquante centimètres de neige par endroits. »  Lire plus …

Carnet de voyage d’Alexandre Bonnefoyà découvrir dans Numéro 30

4. Mission en Terre Adélie 

Julien Vasseur a passé quinze mois en Antarctique, en tant que volontaire du service civique. Ornithologue et écologue de formation, il a constaté au plus près, au cours de la 66e mission du CNRS à Dumont-d’Urville en Terre-Adélie, les impacts du réchauffement climatique sur la survie de la colonie de manchots empereurs.

« L’explosion de vie que représentent les manchots Adélie est époustouflante ! Ils sont partout, plus de 18 000 couples sont présents rien que sur l’île des Pétrels. Les manchots viennent se reproduire sur ces îles depuis des centaines d’années, comme toutes les autres espèces d’ailleurs. Sur certaines îles, il est possible de voir des nids fossiles de manchots Adélie. Il est curieux de voir ces animaux arriver par milliers et se rassembler sur les mêmes îles d’année en année. Pendant mes prospections, j’avais observé à plusieurs reprises des manchots Adélie allongés sur la neige à proximité de leurs confrères qui étaient eux sur le nid. Quelques jours plus tard, la neige qui se trouvait en dessous de ces manchots allongés sur la neige avait fondu, dévoilant ainsi leur nid. Comment font-ils ? Comment arrivent-ils à se repérer dans cet univers de glace où tout change chaque année, chaque mois ? Comment peuvent-ils savoir après plusieurs milliers de kilomètres parcourus que leur nid se trouve précisément là, sous soixante centimètres de neige et que c’est bien le leur ? Ces questions n’ont, pour le moment, pas de réelle réponse, hormis des hypothèses. » Lire plus

Carnet de voyage de Julien Vasseur à découvrir dans Numéro 34

5. Deux cents jours d’exploration – Mexique

En 2013, les éthologues Barbara Réthoré et Julien Chapuis ont traversé les huit pays d’Amérique centrale pendant deux cents jours. Leur terrain d’étude était incroyable : les forêts, plages et montagnes d’Amérique centrale où vivent singes-araignée, crocodiles, aras dendrobates et tortues olivâtres.

« 22 mai. Île d’Ambergris, Belize. Sept heures du matin, Cherie et Vince tambourinent à notre porte : « Un croco est dans le piège au sud de l’île ». Il faut faire vite, car selon la personne qui l’a repéré, il commence à endommager sévèrement le piège et risque de se blesser. Nous nous amassons dans la voiture de golf. Le couple de défenseurs des crocodiles à l’avant, nous à l’arrière. Arrivés sur site, nous nous répartissons aussitôt les rôles : Julien derrière la caméra, moi au coeur de l’action. Nous ne serons pas trop de trois pour contrôler l’animal – Vince, Cherie et moi. Julien, lui, se positionne à quelques mètres de l’entrée du piège, pour capter au mieux la scène qui se prépare. Vince est aux commandes. La tension est palpable ! A travers les mailles du filet, il saisit au lasso la mâchoire supérieure du crocodile avant de déplacer tranquillement la corde jusqu’à l’entrée du piège. Cherie se charge de retirer la trappe, puis revient sur la berge à mes côtés. Ses consignes sont claires : je dois immobiliser la partie arrière du crocodile – les pattes postérieures et la queue – pendant qu’elle, se chargera de la gueule et des pattes avant. à ce stade, mieux vaut ne pas trop réfléchir. Je me répète en boucle les conseils de Cherie. Tout va très vite. Vince parvient à extirper le crocodile du piège et rapidement de l’eau. Il tire facilement les cent kilos se trouvant à l’autre extrémité de la corde à cet instant, Julien me semble dangereusement proche de l’action. » Lire plus….

Carnet de voyage de Barbara Réthoré et Julien Chapuis à découvrir dans Numéro 30